Introduction :
Dans les environnements collectifs comme la crèche, le parc, l’école ou les fêtes, il n’est pas rare de voir des comportements difficiles chez les jeunes enfants, comme mordre, crier ou refuser de partager. Ces comportements peuvent parfois surprendre et inquiéter les parents en collectivité. Pourtant, ils font partie intégrante du développement social de l’enfant. Dans cet article, nous abordons des stratégies bienveillantes pour répondre sereinement aux comportements difficiles et aider votre enfant à progresser dans ses interactions sociales.
1. Comprendre et normaliser les comportements de l’enfant
Les jeunes enfants, notamment entre 2 et 4 ans, n’ont pas encore acquis toutes les compétences pour exprimer leurs émotions ou gérer la frustration. Des études, notamment celle publiée dans la revue Enfance examine les troubles externalisés chez le jeune enfant, en mettant en lumière les comportements agressifs et leurs corrélations avec des facteurs tels que la frustration et le besoin de contrôle. Ces comportements ne sont pas le reflet d’une mauvaise éducation mais d’un processus de développement naturel.
Déculpabiliser le parent : En tant que parent, il est courant de se sentir coupable lorsque son enfant affiche des comportements agressifs ou impulsifs en collectivité. Rassurez-vous, ces comportements font partie de l’exploration des limites et de l’apprentissage social. Votre rôle est d’accompagner cet apprentissage avec bienveillance pour aider votre enfant à comprendre ses émotions et celles des autres.
2. Exemples de comportements indésirables et conseils pratiques pour les gérer
Voici quelques comportements fréquemment observés chez les jeunes enfants en collectivité, accompagnés de conseils pour y répondre de manière constructive :
Crier ou interrompre constamment :
Ce comportement peut traduire un besoin d’attention ou une impulsion. Au lieu de réprimander, rappelez calmement que les autres enfants parlent aussi et que tout le monde doit attendre son tour. Vous pouvez encourager votre enfant à lever la main ou attendre un signe pour s’exprimer.
Pousser pour passer en premier :
Si votre enfant manifeste de l’impatience en poussant pour être le premier, vous pouvez lui apprendre le concept d’attendre son tour avec une phrase simple comme « Ici, on attend chacun son tour. » Utiliser un ton calme et encourager la patience l’aident à intégrer ces comportements en collectivité.
Détruire la construction d’un autre enfant :
Lorsqu’un enfant démolit la tour de blocs d’un camarade ou renverse un jeu, cela peut être un moyen d’exprimer une frustration. Dites-lui : « Cette tour appartient à ton ami. Si tu veux jouer, tu peux lui demander de construire ensemble. » En offrant des alternatives, vous l’aidez à comprendre l’importance de respecter les créations des autres.
Refuser de partager les jeux communs :
Bien que l’attachement à un jouet soit naturel, expliquer à l’enfant que certains jeux sont à tout le monde aide à construire le respect des objets partagés. Vous pouvez dire « Ce jouet est pour tout le monde. Tu peux y jouer un moment, puis ce sera au tour de ton ami. »
Ignorer ou changer les règles du jeu :
Si votre enfant modifie constamment les règles, ce qui frustre les autres enfants, vous pouvez lui rappeler doucement les règles initiales. Expliquer l’importance de suivre des règles communes aide à structurer son sens de l’équité et de la coopération.
Ces exemples montrent qu’il est possible d’aborder chaque situation en proposant une alternative positive, sans imposer de punition dure.
3. Demander des excuses : est-ce la bonne démarche ?
La question des excuses est délicate pour les jeunes enfants, car cela suppose qu’ils comprennent l’impact de leurs actions, ce qui peut être difficile à cet âge. Avant de demander des excuses, il peut être plus bénéfique d’aider l’enfant à reconnaître ses émotions tout en le guidant pour comprendre l’effet de son geste sur l’autre.
Après un acte impulsif, invitez d’abord votre enfant à réfléchir sur ses propres émotions en lui demandant : « Que ressens-tu ? » ou « Que pourrais-tu faire pour te sentir mieux ? » Ensuite, orientez l’échange vers la perspective de l’autre en posant une question simple comme : « Comment crois-tu que l’autre enfant se sent ? » ou « Que pourrait-il ressentir après ce geste ? » Ce processus aide l’enfant à développer son empathie et à percevoir que son action a eu un effet sur l’autre.
Si l’enfant est trop jeune pour exprimer verbalement ses sentiments ou ceux des autres, proposez un geste symbolique pour réparer, comme rendre le jouet pris ou offrir un câlin. Ce geste permet de commencer à apprendre la réparation sans imposer une excuse qu’il ne comprend pas encore pleinement.
4. Exemple pratique : comment gérer un comportement impulsif en collectivité ?
Imaginons que votre enfant prenne le camion d’un autre enfant sans lui demander. Plutôt que de le réprimander, encouragez la prise de conscience en lui disant : « Ce camion appartient à ton ami, tu peux lui demander si tu veux jouer avec. » Vous pouvez ensuite montrer comment faire en disant : « Dis-lui “est-ce que je peux jouer avec le camion après toi ?” ».
Si l’autre enfant refuse, aidez votre enfant à accepter cette réponse en lui expliquant que, parfois, on doit attendre que l’autre ait terminé. Vous pouvez aussi rediriger l’attention de votre enfant vers un autre jeu en lui proposant une alternative : « En attendant, tu peux jouer avec les voitures ici. »
Ce type de réponse aide l’enfant à comprendre le respect des possessions des autres, tout en lui apprenant des phrases simples pour exprimer ses envies et coopérer avec ses camarades.
5. La lecture d’histoires comme outil de réflexion et d’apprentissage social
La lecture est un excellent moyen pour amener les enfants à réfléchir sur leurs comportements et à découvrir comment gérer leurs émotions et interactions sociales. Voici deux albums adaptés à chaque âge pour aborder ces thématiques de manière ludique :
- Pour un enfant de 2 ans : T’choupi ne veut pas prêter de Thierry Courtin. Dans cet album, T’choupi rencontre des situations de partage et d’amitié. L’histoire est simple, illustrée de manière colorée, et se termine sur un message positif. Elle permet aux tout-petits de s’identifier et de découvrir les notions de partage et de respect des autres d’une manière accessible et rassurante.
- Pour un enfant de 4 ans : Grosse colère de Mireille d’Allancé. Cet album raconte l’histoire de Robert, un petit garçon qui est envahi par une colère immense. L’histoire explore comment Robert reconnaît sa colère et finit par se calmer. Avec un texte un peu plus long et des illustrations qui montrent bien l’intensité des émotions, cet album offre une réflexion sur la gestion des émotions et invite les enfants de 4 ans à comprendre et verbaliser leurs propres ressentis.
En posant des questions ouvertes comme : « Que ressent le personnage ? » ou « Que ferais-tu à sa place ? », vous aidez l’enfant à mieux comprendre les émotions et les comportements attendus, tout en développant son empathie.
6. Les émotions et l’accompagnement sur Play and Grow Together
Chez Play and Grow Together, nous proposons une série de fiches en cours de développement pour aider les enfants à reconnaître et gérer leurs émotions, à comprendre les autres, et à interagir positivement en groupe. Ces fiches incluront des activités variées, comme des jeux de reconnaissance des émotions, des techniques de relaxation, et des jeux de coopération, conçues pour accompagner les enfants dans leur développement social et émotionnel. Elles fourniront également aux parents des outils concrets pour guider leurs enfants dans leurs interactions sociales.
Conclusion : des comportements difficiles, une opportunité d’apprentissage
Les comportements comme crier, pousser, ou prendre le jouet des autres sont fréquents chez les jeunes enfants en collectivité. En les abordant avec bienveillance, vous transformez ces situations en opportunités d’apprentissage. Votre accompagnement aide votre enfant à progresser dans son développement social et émotionnel. De plus, cela facilite l’apprentissage de compétences de vie essentielles.
En attendant que nos fiches soient en ligne, vous pouvez consulter des articles tels que Favoriser l’empathie chez le jeune enfant et Encourager l’autonomie chez les enfants dès le plus jeune âge pour des conseils pratiques et inspirants sur la parentalité positive(Encourager l’autonomie)(Le jeu libre).
Très bel article pour nous rappeler que les enfants doivent d’abord explorer toutes leurs émotions pour pouvoir les gérer et les utiliser à bon escient. Merci
Merci Ketty. A très bientôt
C’est vrai, les comportements difficiles sont un challenge à gérer, tant pour le parent de l’agresseur que de l’agressé !
Merci pour tes conseils avisés.
J’adore le livre Grosse Colère que tu cites ! Je l’ai mis dans ma top liste des livres à explorer pour canaliser la colère, si le coeur t’en dit : Canaliser la colère : 5 Livres indispensables à avoir chez soi – Origami Mama
Le livre Grosse Colère est un p’tit coup de coeur! merci pour ta visite. A bientôt